Rentrée littéraire, les coups de coeurs #6

LE DIT DU MISTRAL, Olivier Mak-Bouchard

On est transporté dans le massif du Ventoux et de ses légendes ! Chaque chapitre est placé sous l’égide de Giono, de Bosco ou d’extraits de livres d’histoire. On chemine dans une nature féroce et une lecture réjouissante qui s’approche du réalisme magique.

Après une nuit de violent orage, un homme voit toquer à la porte de sa maison de campagne Monsieur Sécaillat, le vieux paysan d’à-côté. Qu’est-ce qui a pu pousser ce voisin secret, bourru, généralement si avare de paroles, à venir jusqu’à lui ? L’homme lui apporte la réponse en le conduisant dans leur champ mitoyen : emporté par la pluie violente et la terre gorgée d’eau, un pan entier d’un ancien mur de pierres sèches s’est éboulé. Or, au milieu des décombres et de la glaise, surgissent par endroits de mystérieux éclats de poterie. Intrigués par leur découverte, les deux hommes vont décider de mener une fouille clandestine, sans se douter que cette décision va chambouler leur vie. Nourrit des oeuvres de Giono et de Bosco, Le Dit du Mistral est un roman sur l’amitié, la transmission, sur ce que nous ont légué les générations anciennes et ce que nous voulons léguer à celles à venir. C’est un récit sur le refus d’oublier, une invitation à la vie où s’entremêlent histoires, légendes et rêves. C’est une fenêtre ouverte sans bruit sur les terres de Provence…

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Rentrée littéraire, les coups de coeur #5

ARENE, Negar Djavadi

On est conquis par la construction très cinématographique de ce roman sur le pouvoir de l’image !

Benjamin Grossman veut croire qu’il a réussi, qu’il appartient au monde de ceux auxquels rien ne peut arriver, lui qui compte parmi les dirigeants de BeCurrent, une de ces fameuses plateformes américaines qui diffusent des séries à des millions d’abonnés. L’imprévu fait pourtant irruption un soir, banalement : son téléphone disparaît dans un bar-tabac de Belleville, au moment où un gamin en survêt le bouscule. Une poursuite s’engage jusqu’au bord du canal Saint-Martin, suivie d’une altercation qui laisse l’adolescent au sol. Tout pourrait s’arrêter là, mais, le lendemain, une vidéo prise à la dérobée par une lycéenne fait le tour des réseaux sociaux. Sur le quai, les images du corps sans vie de l’adolescent, bousculé par une policière en intervention, sont l’élément déclencheur d’une spirale de violences. Personne n’en sortira indemne, ni Benjamin Grossmann, en prise avec une incertitude grandissante, ni la jeune flic à la discipline exemplaire, ni la voleuse d’images solitaire, ni les jeunes des cités voisines, ni les flics, ni les mères de famille, ni les travailleurs au noir chinois, ni le prédicateur médiatique, ni même la candidate en campagne pour la mairie. Tous captifs de l’arène : Paris, quartiers Est.

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Rentrée littéraire, les coups de coeurs #4

MERDEILLE, Frédéric Arnoux

Merdeille comme anti merveille. Quoi que … Du merveilleux c’en est farci ! Il y a des arbres magiques, des algues mangeuses d’homme, une histoire d’amour et des musiciens solitaires. Là-où-on-n’habite-pas vivent les dentistes dans leurs villas rutilantes faisant du cash à gogo grâce aux uppercuts de Kiki dans les mâchoires. Là-où-on-habite, biberonnés à l’alcool à 90, une poignée de personnages vivent de la chasse aux rats, du biblisme ou du proxénétisme sous les auspices de madame Fofana et de ses magiques yéyés.

Un conte actuel, une atroce lucidité, de la poésie urbaine, celle du quotidien des laissés pour compte d’une société à venir… ou déjà advenue ?

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