Un livre parfait pour l’été !
Etés anglais, Elizabeth Jane Howard
La saga des Cazalet tome 1
Juillet 1937. A Home Place, au cœur du Sussex, jardiniers, femmes de chambre et cuisinière sont sur le pont. La Duche orchestre le ballet des domestiques avant l’arrivée de ses trois fils, Hugh, Edward et Rupert Cazalet, en chemin depuis Londres avec épouses, enfants et gouvernantes. Où dormira Clary, adolescente mal dans sa peau en plein conflit avec sa belle-mère ? Quelle robe portera Villy, ancienne ballerine désormais mère au foyer ? Polly, terrorisée à l’idée qu’une guerre éclate, s’entendra-t-elle avec sa cousine Louise qui rêve de devenir actrice ? Rachel, la seule fille de la Duche, trouvera-t-elle un moment pour ouvrir la précieuse lettre de son amie Sid ? Non-dits, chamailleries, profonds chagrins… Aux préoccupations des adultes font écho les inquiétudes des enfants, et à la résilience des femmes, qu’elles soient épouses, fillettes ou domestiques, répond la toute-puissance – ou l’impuissance – des hommes. L’été regorge d’incertitudes mais, sans l’ombre d’un doute, une nouvelle guerre approche : entre pique-niques sur la plage et soirées auprès du gramophone, il faudra inventorier lits de camp et masques à gaz.
Coup de projecteur au rayon littérature
Café vivre, Chantal Thomas
« Des chauffeurs de taxi, des héroïnes de faits divers, des amoureux qui enferment leur cœur au cadenas traversent ces pages. Ils croisent tout naturellement Colette, Roland Barthes, Patti Smith, Voltaire ou Corto Maltese, sans oublier quelques figures chères de mon enfance, ma mère nageuse, mon grand-père bien-aimé… On peut dès lors lire ces Chroniques en passant comme un journal de voyage, si l’on croit que chaque matin contient une occasion de départ et une chance d’aventure, émotive, intellectuelle – la quête d’une certaine qualité de vibrations.
Ce qui a piqué mon attention relève d’un intérêt essentiellement subjectif. Les rencontres, les lectures, les images et incidents qui m’inspirent et me donnent à rêver n’entrent pas dans un cadre préétabli. Ils participent de moments fugitifs, du charme de l’instant. J’ai écrit les textes ici réunis de 2014 à 2018, au rythme d’une chronique par mois, pour le journal Sud Ouest. Et à la fin, en me retournant, j’ai senti qu’ils formaient un livre. Le voici » Chantal Thomas
La vie ordinaire, Adèle Van Reeth
L’auteure, célèbre voix de France Culture avec son émission Les Chemins de la philosophie, nous livre ses réflexions sur la vie ordinaire à travers le prisme de sa grossesse, quand la vie ordinaire justement vient se placer sous le signe de l’Autre… Ce récit philosophique nous emmène donc scruter le quotidien sous les auspices des penseurs américains Emerson, Stanley Cavell ou Thoreau et du philosophe français Clément Rosset qui publia, entre autres, Le réel et son double avec qui l’auteure se régale de ratatouille. Réjouissant !
«La vie ordinaire est une vie d’hypocrite. On fait comme si c’était « déjà ça » de vivre « tranquillement », comme si on ne voulait pas d’aventure. Comme s’il suffisait de se la couler douce dans les plis du laisser-être pour atteindre la tranquillité tant recherchée. Sauf que la plupart du temps, on n’y arrive pas. Puisque l’existence humaine est à la fois provisoire et continue, puisque rien ne dure et que le temps ne se retient pas, la tranquillité n’est pas de ce monde.
Et c’est tant mieux. Que le dard de l’intranquillité vous pique encore et encore ! Demandez-vous, au moins une fois, si le nombre d’années parcourues, les épreuves et les angoisses endurées, si vous avez vécu tout ça pour vous réfugier dans la mauvaise foi de l’émerveillement ordinaire, sans jamais vouloir fouiller en dessous, remuer la vase qui étouffe vos désirs et vous fait croire qu’être quelqu’un, c’est peser lourd, et s’accrocher aux horaires comme si la vie en dépendait. » Adèle Van reeth
Coups de coeur au rayon polars
Venez partager nos coups de coeur au rayon polars ! Une sélection par les libraires et lectrices de notre club de lecture …
Mictlan Sébastien Rutés
A l’approche des élections, le Gouverneur – candidat à sa propre réélection – tente de maquiller l’explosion de la criminalité. Les morgues de l’Etat débordent de corps anonymes que l’on escamote en les transférant dans un camion frigorifique. Le tombeau roulant est conduit, à travers le désert, par Vieux et Gros, deux hommes au passé sombre que tout oppose. Leur consigne est claire : le camion doit rester en mouvement.
Vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Sans autre arrêt autorisé que pour les nécessaires pleins de carburant. Si les deux hommes dérogent à la règle, ils le savent, ils iront rejoindre la cargaison. Partageant la minuscule cabine, se relayant au volant, Vieux et Gros se dévoilent peu à peu l’un à l’autre dans la sécurité relative de leur dépendance mutuelle. La route, semée d’embûches, les conduira-t-elle au légendaire Mictlán, le lieu des morts où les défunts accèdent, enfin, à l’oubli ?
« J’ai adoré ce livre. On avance au rythme de ce camion sordide qui s’enfonce dans la noirceur au fil du livre, jusqu’à la rédemption finale. C’est magnifiquement tragique. » Isabelle
« Un véritable OLNI. Un style hors du commun qui nous laisse souvent en apnée.
Sorte de conte philosophique doté d’une certaine poésie malgré la noirceur. Mon coup de cœur de la saison. » Françoise
Les Abattus, Noëlle Renaude
Un jeune homme sans qualité relate ses années d’apprentissage entre 1960 et 1984 dans une petite ville de province, au sein d’une famille pauvre et dysfonctionnelle. Marqué par la poisse, indifférent au monde qui l’entoure, il se retrouve néanmoins au centre d’événements morbides : ses voisins sont assassinés à coups de cutter, son frère cadet commet un braquage et disparaît avec le magot, des malfrats reviennent régler leurs comptes, une journaliste qui enquêtait sur le narrateur est retrouvée noyée, etc.
, jusqu’au jour où lui-même disparaît sans laisser de traces. Dans la deuxième partie, situé en 1984, son entourage cherche à comprendre ses motivations, le considérant tantôt comme une victime, tantôt comme un importun, tantôt comme un suspect.
« Livre littéralement hypnotique grâce à sa construction et son style.
Excellent polar doublé d’une belle étude sociologique à la Zola.
Suspens garanti jusqu’à la dernière page. « Françoise
« Premier roman, découpé comme un film ! Atmosphère glauque à souhait. Qui a assassiné les voisins du dessus ? Même si le doute sur un personnage survient assez vite, l’auteur nous en détourne habilement et ne nous livre la solution de l’énigme que 10 pages avant la fin ! « Sylvie
Les enfants perdus de Saint Margaret, Emily Gunnis
Des lettres bouleversantes. Une jeune femme enfermée. Un mystère à résoudre. 1956. Ivy Jenkins s’apprête à donner naissance à son premier enfant. Mais la société puritaine britannique des années 1950 ne lui permettra pas de profiter de ce bonheur. Abandonnée par son amant, répudiée par sa famille, elle est internée de force à St. Margaret, un couvent pour mères célibataires. Très rapidement, l’institution la sépare de son bébé.
2017. Samantha Harper, une jeune journaliste, tombe sur des lettres déchirantes qui révèlent les terribles conditions de détention d’Ivy Jenkins à St. Margaret. Au fil de ses recherches, elle découvre une série de morts suspectes. Alors que le couvent est sur le point d’être démoli, il ne lui reste plus que quelques heures pour faire éclater la vérité. Avant qu’elle ne soit ensevelie à jamais…
« On pense irrémédiablement au film The Magdelene Sisters ! L’enquête part de lettres trouvées par une journaliste chez sa grand-mère. Ceci l’amène à découvrir de nombreuses morts suspectes dans un pensionnat anglais où l’on enfermait des jeunes filles, mères célibataires (fin XIX – début XXIème siècle). Livre très bien documenté sur ces maisons dépendantes de l’Eglise et dont les femmes servaient parfois pour des expérimentations pharmaceutiques. Bouquin très émouvant et éprouvant parfois pour une femme. » Sylvie
Richesse oblige, Hannelore Cayre
Au xixe siècle, les riches créaient des fortunes et achetaient des remplaçants pour que leurs enfants ne partent pas à la guerre. Aujourd’hui, ils ont des héritiers très riches et des descendants inconnus mais qui peuvent légitimement hériter ! En 1870 l’un des fils d’une grande famille d’industriels a été un utopiste généreux et a reconnu un enfant illégitime. En 2016, Blanche, la non-conformiste aux béquilles, entend parler des deuils qui frappent cette famille sans scrupule et découvre qu’elle pourrait très bien elle aussi accéder à cette fortune.
Devant le cynisme affairiste, elle va faire justice en se servant de tout ce que la modernité met à notre portée. Une incroyable galerie de personnages : des méchants imbuvables, de riches inconscients, des idéalistes, une île où règne le matriarcat, des femmes admirables, avec en toile de fond une évocation magistrale de Paris assiégée par les Prussiens et le déménagement du Palais de Justice aux Batignolles.
« Vaste enquête généalogique en vue de captation d’héritage.
Des personnages toujours aussi hauts en couleur et un style inimitable.
On navigue entre XIXe et nos jours en analysant la société.
Beaucoup d’humour, bref, un vrai bonheur de lecture. » Françoise
Les naufragés hurleurs – Christian Carayon
» Il y en avait pour croire que l’année 1925 serait la dernière du monde tel qu’on le connaissait. » Martial de la Boissière vit à l’écart de la société, protégé par les hauts murs de son manoir. Quand il en sort, c’est pour assister aux réunions du Cercle Cardan, toujours prêt à démasquer ceux qui se nourrissent de l’engouement pour les sciences occultes, des charlatans sans honneur. Sa prochaine mission : assister à une représentation du nouveau médium à la mode, Collas. Accompagné de son ami Alain, Martial se rend à Paris. Mais l’expérience tourne court : en pleine séance, le médium agrippe le bras d’Alain pour lui crier de s’enfuir avant de s’effondrer en crachant de l’eau de mer. Ce qui paraît alors un stratagème grossier à Martial va se transformer en tragique prédiction quand il apprendra quelque temps plus tard la mort de son ami. Marin émérite, il a pourtant péri dans un accident de voilier au large de l’île de Bréhat.
Et si, derrière les ombres d’une prophétie, se cachaient de terribles secrets ?
« Un voilier s’échoue sur des rochers et 2 corps sont retrouvés (un gendre et sa belle-mère !) Intrigue particulièrement bien conduite avec beaucoup de points d’interrogation qui surgissent. Le décor – l’île de Bréhat- se révèle angoissant et participe au mystère. » Sylvie
Atmore Alabama Alexandre Civico
Lorsqu’il atterrit en Floride, il sait exactement où sa voiture de location doit le mener : Atmore, bourgade paumée au fin fond de l’Alabama. Il s’installe chez l’habitant, instaure un semblant de routine et rencontre une jeune Mexicaine désespérée. Un lien naît entre lui, l’étranger que l’on devine ravagé par la douleur, et cette fille à la dérive, noyée dans la drogue. Que vient chercher ce Français au royaume des rednecks, de l’ennui et des armes à feu ? Rien ne paraît l’intéresser sinon la prison, à l’écart de la ville, autour de laquelle il ne peut s’empêcher d’aller rôder…
Porté par une écriture affûtée à la poésie sèche, parfois tendre, ce roman de la chute, noir, dense, invoque dans un même surgissement le décor d’une Amérique qui s’est perdue et le saccage intérieur d’un homme qui ne sait plus comment vivre.
« On se laisse emporter par ce roman noir qui nous emmène au fond du désespoir et de l’envie d’en finir de manière assez poétique. » Isabelle