Romans : notre sélection de l’été
James Salter, Pour la gloire – Editions de l’Olivier
Premier roman de James Salter – disparu le 19 juin dernier lors d’une séance de gymnastique ! – Pour la gloire tient en germe les thèmes et les obsessions de l’oeuvre future : le sens de l’honneur, la camaraderie, mais aussi la peur de la mort. James Salter était encore pilote de chasse dans l’US Air Force quand il a écrit ce premier texte. Considéré aux États-Unis comme un classique, Pour la gloire est enfin publié en France. James Horowitz, de son vrai nom, entre à l’académie militaire de West Point en 1942 où il se forme au pilotage. Porté volontaire pour une affectation en Corée, il en fait le théâtre de ce premier texte.
Résumé : C’est la guerre de Corée et le capitaine Cleve Connell n’a qu’un objectif : descendre cinq avions ennemis et devenir ainsi un « as ». Mais l’ascension vers la gloire est périlleuse : le sort s’acharne contre Cleve et une rivalité sans merci s’immisce entre les aviateurs. Après la fougue des premiers combats, le doute et la frustration s’installent. Et pour ces héros modernes, sur la terre comme au ciel, la moindre faiblesse peut s’avérer fatale.
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Revue XXI – été 2015
Tous les trimestres, XXI propose une étonnante récolte d’images et de rencontres par des romanciers, des journalistes, des photoreporters, et des dessinateurs de BD. La revue rassemble tous les talents du reportage : des romanciers aguerris qui aiment raconter le réel, des journalistes de talent qui savent écrire 20 à 30 feuillets, des photoreporters de terrain, des auteurs majeurs de BD qui ont envie de se confronter au reportage. Le résultat : des articles de fonds, des dossiers illustrés et pratiques pour aller plus loin.
Au sommaire de ce numéro : Une enquête sur les nouveaux paysans, ces urbains trentenaires qui changent de vie pour cultiver la terre. L’histoire de Jean et Béatrice, marié depuis 36 ans alors même que Jean est devenu Cynthia depuis 15 ans. Un reportage sur le business du viol et les organisations humanitaires en Afrique. Un fait divers mystifiant : un retraité détient 271 Picasso dans son garage pendant 40 ans. Le récit de ses bataillons noirs qui ont combattu aux côté du régime raciste en Afrique du Sud. Un sujet sur la bataille héroïque d’un avocat amazonien contre le pétrolier américain Texaco. Un entretien avec le neurologue Yves Agid sur l’inconscient. Et le témoignage des derniers jour d’Alexandre avant son départ pour la Suisse où il a choisi de mourir.
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Jessie Burton, Miniaturiste – Gallimard
Jessie Buton née à Londres en 1982. Comédienne pour le théâtre et la télévision elle a été nommée « jeune auteur de l’année » par le National Book Award 2014.
Amsterdam XVIIe siècle. Une jeune fille épouse un homme âgé qui lui offre une maison de poupée comme cadeau de mariage. Touchée par la froideur extrême de sa belle famille, la jeune fille se consacre à sa réplique de foyer qu’elle fait vivre grâce aux talents d’un mystérieux miniaturiste. Piyr les lecteurs sensibles aux romans de Donna Tartt ou qui ont succombé à La jeune fille à la perle.
Anna Starobinets, Le vivant – Mirobole
Depuis la catastrophe et l’avènement du VIVANT, le nombre d’humains sur terre est stable. 3 milliards, pas un de plus pas un de moins. Tous sont connectés au VIVANT. La mort n’existe pas ! L’ADN de celui qui « part en pause » est réinjecté dans nouveau corps. Qui est donc cet inconnu sans Incode ni patrimoine génétique répertorié qu’on appelle Zéro ?
Anna Starobinets (Анна Старобинец), journaliste et scénariste, vit à Moscou. Son tout premier ouvrage, Je suis la reine (2005), sélectionné pour le Prix national du best-seller, l’a imposée comme la reine russe de l’horreur. Les mondes troublants qu’elle crée et la sobriété de sa plume la placent dans une lignée extravagante d’auteurs tels que Kafka, Stephen King ou Gogol. Starobinets signe ici une anti-utopie digne d’Huxley ou d’Orwell.
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Milena Busquets, ça aussi, ça passera – Gallimard
Née en 72 à Barcelone, cette jeune catalane a longtemps travaillé dans la maison d’édition familiale (Editorial Lumen). ça aussi, ça passera est son second roman.
Après le décès de sa mère, Blanca quitte Barcelone pour la maison de vacances familiale de Cadaqués, une troupe invraisemblable à sa suite : ses deux ex-maris, les fils qu’elle a eus d’eux, ses amies Sofía et Elisa, son amant Santi et, bien entendu, sa mère défunte, à qui elle ne cesse de parler. Les baignades, les promenades en bateau et les siestes dans le hamac vont se succéder, tout comme ces longs dîners estivaux au cours desquels les paroles s’échangent aussi facilement que les joints ou les amours. Les souvenirs affleurent alors, faisant s’entrelacer passé et présent. Blanca repense à cette mère fantasque, intellectuelle libre et exigeante, qu’elle a tant aimée et tant détestée. Elle lui écrit mentalement une lettre silencieuse et intense dans laquelle elle essaie de faire le bilan le plus honnête de leur relation douloureusement complexe. Vif comme Sagan, aigre-doux comme Woody allen.
Sam Lipsyte, Demandes et tu recevras – Toussaint Louverture
Chantre de la littérature américaine à l’ironie virtuose, Sam Lipsyte [né en 1968] nous plonge dans la vie étriquée de Milo Burke, petite quarantaine, petite bedaine, marié et papa gâteau, dont les ambitions de peintre se sont dissoutes dans les compromissions ordinaires. Milo, qui vient de perdre son emploi de chasseur de mécènes au sein d’une université de seconde zone, doit se plier aux exigences d’un vieil ami fortuné s’il veut retrouver son travail et une vie à peu près normale.
À travers ce roman satirique et mordant se dessine le portrait d’un raté comme sait si bien en fabriquer notre époque, de ceux qui doivent encaisser tous les échecs et enchaîner toutes les désillusions.
Inédite en France, cette sarabande débridée tire à feu nourri sur les pouvoirs en place et la fin d’un idéal. Offrant une échappatoire à la complaisance et au spleen, Sam Lipsyte le montre avec éclat : il y a une vie même hors des chemins escarpés de la réussite.
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Virginie Despentes, Vernon Subutex 2 – Grasset
Le premier volume de Vernon Subutex inaugurait une période nouvelle chez Virginie Despentes : il était autant une cartographie sociologique du Paris d’aujourd’hui qu’un singulier bilan personnel, générationnel et culturel – pour l’auteur comme pour ses lecteurs. Le deuxième opus, écrit en mode haute fidélité, descend plus profondément dans la psyché des personnages et de l’époque. Il est salué par une presse dithyrambique.
On peut faire tourner Vernon Subutex entre ses doigts comme une pierre précieuse changeant de couleur à la lumière du jour. Le Journal du Dimanche
Un art consommé de mêler des personnages, des voix, des intrigues avec un incontestable sens du changement de rythme. Ce n’est pas un roman, c’est un électrocardiogramme. Le Figaro Littéraire
Une formidable cartographie de la société française contemporaine. Les Inrocks
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Meg Wolitzer, Les Intéressants – Rue Fromentin
Durant les années 1970, Julie, 16 ans, passe une partie de son été à Spirit in the wood, une colonie de vacances. Elle y fait la connaissance d’un groupe de cinq jeunes adolescents. Le roman suit l’évolution des Intéressants pendant près de quarante ans.
Que deviennent les talents et les aspirations de chacun ? Un don de jeunesse peut-il constituer le socle de toute une vie ? Et comment peut-on y rester fidèle malgré les choix qu’impose la vie adulte ? Chacun trahira à sa manière l’adolescent qu’il fut.
Une fresque impressionnante, à la fois réaliste et sensible.
Francesca Melandri – Plus haut que la mer, Gallimard
Scénariste de renom, Francesca Melandri est romaine. Après le très remarque Eva dort (prix des lectrices de ELLE), elle signe ici son second roman, finaliste du prix Campiello (équivalent de notre Renaudot).
Un homme et une femme se rendent sur une île. Ils ne se connaissent pas. Loin d’être un voyage d’agrément, chacun va voir, son fils, son mari, incarcéré dans la prison sur cette île. Forcés de rester à terre alors qu’un mistral véhément s’est levé, ils vont vivre une nuit singulière sous l’œil d’un surveillant étrange. Plus haut que la mer, est un texte incisif et militant, une superbe histoire d’amour et d’idées qui est aussi une subtile réflexion sur le langage, celui de la politique et celui du monde dans lequel nous vivons.
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Henri Leovenbruck, Nous rêvions juste de liberté – Flammarion
Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté. » Ce rêve, la bande d’Hugo va l’exaucer en fuyant la petite ville de Providence pour traverser le pays à moto. Ensemble, ils vont former un clan où l’indépendance et l’amitié règnent en maîtres. Ensemble ils vont, pour le meilleur et pour le pire, découvrir que la liberté se paie cher.
Nous rêvions juste de liberté réussit le tour de force d’être à la fois un roman initiatique, une fable sur l’amitié en même temps que le récit d’une aventure. Avec ce livre d’un nouveau genre, Henri Lœvenbruck met toute la vitalité de son écriture au service de ce road-movie fraternel et exalté.
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Dan O’Brien, Wild Idea – Le Diable Vauvert
En quittant le ranch de Broken Heart pour les terres de Cheyenne river, Dan O’Brien réintroduit les bisons dans leur milieu naturel originel et restaure ainsi l’équilibre écologique des Grandes Plaines. L’éleveur écrivain raconte ici avec un grand sens du récit, l’aventure de la Wild Idea Buffalo Company, son entreprise d’exploitation écologique du bison, avec sa compagne Jill et sa fille et ses amis cheyennes.
Passionnant comme un roman, c’est et un témoignage humain, environnemental mais aussi économique, commercial et familial : Dan fait face sur tous les fronts dans cette lutte héroïque et folle pour la restauration des Grandes Plaines. « J’aurais pu m’impliquer dans la sauvegarde des putois à pieds noirs, des aigles, des renards véloces, ou de toutes sortes d’insectes et d’herbes.
Mais au cours des dix-huit années précédentes, j’avais appris que se concentrer sur une seule espèce revenait à ne traiter qu’un symptôme. Alors j’ai pensé aux bisons. Ils sont depuis longtemps un emblème de toute cette vie sauvage en déclin. Cette injustice m’a dégoûté et avant que l’épée d’Orion ne pointe Harney Peak, j’ai su qu’il y aurait dans mon avenir au moins une tentative de rétablir l’équilibre des Grandes Plaines. Et que les bisons en feraient partie. » Dan O’Brien.
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Paula Hawkins, La fille du train – Sonatine
Un thriller qui a fait événement avant même sa parution, des droits d’adaptation achetés par Steven Spielberg… Depuis la banlieue où elle habite, Rachel prend le train deux fois par jour pour aller à Londres. Le 8 h 04 le matin, le 17 h 56 l’après-midi. Chaque jour elle est assise à la même place et chaque jour elle observe, lors d’un arrêt, une jolie maison en contrebas de la voie ferrée. Cette maison, elle la connaît par cœur, elle a même donné un nom à ses occupants qu’elle voit derrière la vitre. Pour elle, ils sont Jason et Jess. Un couple qu’elle imagine parfait, heureux, comme Rachel a pu l’être par le passé avec son mari, avant qu’il ne la trompe, avant qu’il ne la quitte. Rien d’exceptionnel, non, juste un couple qui s’aime. Jusqu’à ce matin où Rachel voit un autre homme que Jason à la fenêtre. Que se passe-t-il ? Jess tromperait-elle son mari ? Rachel, bouleversée de voir ainsi son couple modèle risquer de se désintégrer comme le sien, décide d’en savoir plus sur Jess et Jason. Quelques jours plus tard, c’est avec stupeur qu’elle découvre la photo de Jess à la une des journaux. La jeune femme, de son vrai nom Megan Hipwell, a mystérieusement disparu…
Avec ce thriller psychologique exceptionnel, Paula Hawkins fait figure de révélation de l’année. Il vous suffit d’ouvrir ce livre et de vous laisser entraîner dans le piège paranoïaque et jubilatoire qu’elle vous tend et vous comprendrez combien cette publication fait figure d’événement.
Paula Hawkins a vécu au Zimbabwe, en France et en Belgique. Journaliste à Londres, La Fille du train est son premier roman.
Envie de polars originaux ? De beaux textes noirs ? Demandez conseil au libraire pour vous guider chez Sonatine ou aux éditions Gallmeister qui vient de lancer son excellente collection NEONOIR.