TANT DE NEIGE ET SI PEU DE PAIN, BEATRICE WILMOS- LE ROUERGUE

En 1919, Marina Tsvetaeva a vingt-sept ans lorsque, en pleine guerre civile, elle se retrouve seule à Moscou avec ses deux filles. Elle ignore si son mari est toujours en vie. Sous le joug du froid et de la famine (son dénuement est si extrême, qu’elle vole de l’encre pour écrire des poèmes), les difficultés matérielles la contraignent à laisser ses deux filles Alia et Irina dans un orphelinat. Elle viendra chercher Irina, sa fille bien-aimée, et laissera la jeune Irina à l’orphelinat mourir de faim.

Dans ce livre très documenté et parsemé d’extraits de carnets de Tsvetaeva, Béatrice Wilmos nous fait traverser deux années d’une vie percutée par la Révolution, les joies extrêmes ainsi que les malheurs sans jamais porter de jugement sur son personnage. Poignant.

SOUS LA MENACE, VINCENT ALMENDROS – MINUIT

« Ma voix avait changé. Des poils duveteux dessinaient sous mon nez les prémices d’une moustache et de rebutants boutons me mangeaient le visage. Depuis le début de l’année, on se moquait de moi au collège. Ma mère, elle, ne me supportait plus. Elle se méfiait et, même, m’avait à l’oeil après ce qui s’était passé dans le vestiaire du gymnase. J’avais intérêt à bien me comporter durant le week-end chez mes grands-parents.
Pour être honnête, je la comprenais. Mes camarades et elle avaient raison. Avec l’arrivée de la puberté, j’étais en train de devenir un monstre ».

Sorte de huis-clos familial le temps d’un week-end, Sous la menace distille l’angoisse et la violence sous une apparente banalité.

L’auteur manie l’art subtil du suspense avec trois fois rien jusqu’au dénouement final.

MELODY, MARTIN SUTER – PHEBUS

Le point de départ c’est notre héros M Stotz, richissime homme d’influence au crépuscule de sa vie, qui vit retranché dans sa demeure bourgeoise à Zurich. Pour classer ses papiers & ses archives il engage un jeune secrétaire en la personne de Tom Elmer, jeune juriste trentenaire. Mais très vite, le vieux Stotz va se mettre à raconter à Tom Elmer son grand amour, la femme de sa vie, la belle Mélody. Ce récit en forme de feuilleton romanesque ponctué de diners et de déjeuners somptueux concoctés par la cuisinière italienne de Stotz tient le lecteur toute la première partie du livre.

La seconde partie est très différente. Plus rapide, elle évoque les voyages qui ont ponctués la vie du vieux Stotz et vient déconstruire l’histoire de Mélody, sans doute très idéalisée par le vieil homme. A moins que… A moins qu’il n’ait mené Tom en bateau… Le fin mot de l’histoire sera révélé dans l’ultime phase du roman après quelques rebondissements passionnants.

Melody est un thriller psychologique qui questionne notre rapport à la fiction.