L’imposteur, Javier Cercas

Ce livre raconte l’incroyable imposture d’un vieil espagnol Enric Marco qui s’est réinventé une nouvelle vie à cinquante ans et qui a bluffé tout le monde pendant quarante ans en se faisant passer pour un héros des temps modernes.

Anti franquiste de la première heure et combattant de la guerre d’Espagne , figure emblématique et tutélaire du syndicalisme anarcho-libertaire , président d’une puissante confédération associative , président d’une amicale d’anciens déportés, Enric Marcos a revêtu tous ces costumes et a représenté Aux yeux du peuple espagnol ce courageux résistant ; témoin inlassable des crimes du passé qui a dit non à tous les outrages de l’histoire contemporaine alors qu’en réalité il ne fut qu’un simple citoyen vivant à l’instar de ses compatriotes une existence misérable sous la dictature franquiste.cercas

Don quichotte des temps modernes, il s’est bâti cette légende à partir de 1970 au moment où la dictature s’effondrait et les espagnols devenaient par nécessité amnésiques sur leur passé .Il a fallu attendre 2005 et le travail d’un discret historien madrilène pour que toutes ces impostures soient dévoilées et révélées au grand public à la veille d’une grande cérémonie.

Ce livre que Javier Cercas a mis longtemps à écrire (il en explique les raisons) est une réflexion profonde sur le rôle du mensonge dans le réel (la vie) et la fiction (la littérature) et aussi sur un certain nombre de mythes dont celui du héros, de la mémoire collective, de l’amnésie du peuple espagnol sur les tragédies qu’il a affronté.

L’auteur alterne les entretiens réels et imaginaires qu’il a eus en permanence pendant de nombreuses années avec l’imposteur et les grandes questions métaphysiques qui l’obsèdent en tant qu’humain et surtout écrivain. Il essaie de comprendre et de démonter les mécanismes qui ont conduit un être aussi insignifiant à devenir un homme nietzschéen.

Ce livre qui n’a pas laissé son auteur indemne est passionnant et très instructif. Il faut le lire .

Guy

 

Les bannis, Laurent Carpentier

bannisDans ce livre, Laurent Carpentier se raconte et dévoile ses origines .Il découvre les siens à travers plusieurs générations. Le roman de sa vie démarre de façon un peu laborieuse, chaotique avec un fait divers et on ne comprend pas bien dans les premières pages où l’auteur veut en venir d’autant que ce sujet (la famille) devient un thème littéraire très à la mode. Puis le texte se structure et on pénètre dans cette famille cosmopolite ; ils sont tous là, les figures emblématiques et tutélaires venues de partout et de nulle part, d’horizon sociaux disparates, de confessions différentes et de convictions fortes et ancrées. C’est un peuple de bannis une armée de l’ombre avec ses héros comme Jacques , le résistant fusillé par la Gestapo , Alice l’aïeule disparue dans les brumes de Sobibor mais aussi les vivants Henri , Arlette, grands-parents paternels bourgeois, médecins et communistes , Maurice le grand père volage et Fine la grand-mère paysanne centenaire qui l’a élevé sans oublier les parents Jeannot et Raymonde médecins et communistes eux aussi …..

Cette galerie de portraits donne l’occasion à l’auteur d’écrire quelques belles pages d’envolée lyrique et poétique où il s’interroge sur la métaphysique de la vie ; de la mort ; la famille corps cannibale qui vous poursuit toute votre vie durant. Cette errance généalogique lui a permis une véritable renaissance.

Cette genèse racontée comme une fiction se lit avec grand plaisir et on sera indulgent avec l’auteur pour les quelques inévitables répétitions car il s’agit de son premier roman.

Guy

 

Les amygdales, Gérard Lefort

amygdales

 

 

 

 

L’auteur propose une analyse, par le biais de chapitres autonomes sur le plan narratif, d’une famille et de ses voisins, analyse envisagée par l’oeil acéré et sans concessions du jeune fils. Ses capacités d’observation exceptionnelles liées à une imagination puissante passent au crible d’envies de révolte adolescente, à la suite, des scènes de la vie familiale, des moments d’amitié parfois ambiguë, des souvenirs d’une scolarité étrange, des rencontres marquantes. C’est un roman d’apprentissage qui peut marquer le lecteur par son écriture riche, exacte et intense, ainsi que par ses chutes de chapitres parfois faussement malsaines ou traumatisantes. Un regard désenchanté d’un jeune garçon sur sa famille et le monde.

Laurent