La Cache, Christophe BOLSTANKI

boltanskiCe livre raconte à travers une épopée invraisemblable une saga familiale qui s’étend sur plusieurs générations et traverse diverses périodes ; principalement la première moitié du vingtième siècle.

Il relate le parcours erratique et tumultueux des deux principaux protagonistes, à savoir les grands parents de l’auteur qui évoluent au fil du temps avec leur nombreuse tribu composée d’enfants ; de petits enfants et d’autres membres de la famille.

Lui, Etienne enfant d’émigrés russes issus de la diaspora juive d’Odessa devient un brillant professeur de médecine mais est contraint pendant l’occupation de renier son origine et de se convertir au catholicisme, de simuler son divorce et de se terrer pendant vingt mois dans une cache aménagée de l’hôtel particulier qu’occupe la famille rue de Grenelle

De cet enfermement naitra la créativité de la famille et un fils Christian –Liberté qui est devenu Le célèbre plasticien que l’on connait.

Elle, enfant reniée d’une famille nombreuse corse et catholique mais adoubée par une riche marraine bretonne, elle rencontre son futur mari sur les bancs de la faculté de Médecine mais contracte rapidement une poliomyélite infectieuse qui va paralyser ses membres inférieurs.

Dès lors toute la vie de la tribu et l’agencement de l’hôtel particulier (chaque chapitre du livre décrit une pièce de l’hôtel particulier à laquelle est dévolu un rôle précis) sera fonction de ce handicap maternel. Cela ne l’empêchera pas cette dernière de régner en maitresse absolue sur les siens pendant des lustres et de donner lieu à des scènes quotidiennes drolatiques, voire ubuesques.

L’auteur à travers quelques souvenirs de jeunesse dépeint la vie de bohèmeque mène ce clan familial et pour qui l’existence répond à des rites, des codes et à cérémonial immuables.

Dans ce livre, à l’instar du dernier ouvrage d’Anne Wiazemsky l’auteur ne juge pas les siens mais se contente de raconter, de montrer quelle fût l’attitude des uns et des autres pendant des époques charnières tourmentées et troubles

Christophe Boltanski livre dans une histoire à peine romancée les clés et les mystères des comportements humains dans des situations extrêmes.

Plus qu’un roman, ce livre se situe entre le récit (auto)biographique et l’étude sociologique ciblée, ce qui n’étonnera pas le lecteur au regard de la filiation de l’auteur.

Destinées certes exceptionnelles mais que nous avons déjà lues de nombreuses fois …

Guy

 

Histoire de l’amour et de la haine, Histoire de l’amour et de la haine

dantzigSept personnages , milieu parisien au moment où la loi sur le mariage pour tous se vote (2013). C’est la vie qui se vit avec les besoins d’amiour, les pratiques sensuelles et sexuelles légitimées pour chacun par un passé différent. Atmosphère plutôt masculine, roman de réflexions sur les mœurs homosexuelles, et ce qu’elles révèlent dans la société. Des exemples pris dans l’antiquité, l’actualité. 27 chapitres courts, à thème ; écriture imagées créative, pour exhiber ce qui se cache sous les concepts exprimés en définitions :

Le mariage : une bouffonerie sociale

Le beau : ce qui fait jouir

Le désir : l’excitation de l’irréalisé

L’amour : un commerce inéquitable

L’angoisse : c’est un virus qui s’enclenche dès qu’il y a un danger, une maladie de l’espoir

Le génie : le détournement de la souffrance

Le dénominateur commun des gays : la gentillesse mais aussi la cause de ce qu’on veut la tuer.

Que nous dit la masturbation ?

Ce qui capte dans ce récit, c’est la véracité qu’expriment les expressions imagées et leur variété. La leçon de masturbation du début dit l’essentiel, se satisfaire en solitaire, ne vaut-il pas mieux le partager ? hétéro ou homo ?

Eloïda

Gratis, Félicité Herzog

herzog

Pour son deuxième livre, Félicité Herzog a écrit un roman qui raconte la résistible ascension d’un golden boy, son irrémédiable déclin puis son inéluctable rebond quelques années plus tard à la tête d’une Start up iconoclaste qui devient une multinationale redoutable et redoutée.

Si l’idée de départ parait assez bonne, l’auteur bâcle l’histoire par la description d’un monde trop manichéen, des personnages caricaturaux, très superficiels et des situations paradoxales ou équivoques qui altèrent considérablement la portée du propos.

La forme ne sauve pas le fond ; L’écriture est impersonnelle, un tantinet lancinante ; le style oscille sans cesse entre celui d’un reportage documenté de journaliste et le rapport d’un expert technocrate. Le rythme est monocorde et ne fait jamais faire vibrer le lecteur. Aucune poésie ne s’échappe de ces lignes.

Ce n’est pas un roman écrit avec ses tripes qui témoigne d’une force d’écriture et d’un talent original mais un exercice de style qui se veut très maitrisé, très policé (cela s’apparente davantage à un produit marketing). Ce livre reflète la pensée de nos élites formatées où le rationnel dans un monde normé doit toujours prévaloir et où l’imprévu n’a pas sa place.

Seule bonne nouvelle ; Herzog se lance dans la littérature après avoir essayé le monde de la finance ; on peut s’en réjouir car elle fera à coup sûr moins de dégâts chez Gallimard que par le passé (elle a été responsable du programme Bridge the gap pendant plusieurs années chez AREVA avec le succès que l’on connait …!)

Ce roman aurait dû s’appeler Courage fuyons et non gratis …car dans ce livre la réalité dépasse la fiction …en effet l’auteur a participé dans des vies antérieures au naufrage effectif de grandes entreprises  …..C’est un livre de souvenirs à peine romancés !

Guy