Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes, Olivier Bleys.

bleys

Dans un vieux quartier délabré d’une ancienne ville industrielle chinoise, la famille Zhang tente de survivre dans un pays qui se veut de plus en plus moderne et qui semble oublier les habitants attachés à leur passé

Le vieil arbre à laque du misérable jardin entourant la bicoque des Zhang sera pour l’auteur le prétexte à envisager une méditation sur la Chine contemporaine, sur le regard que peut porter chaque membre d’une famille sur cette dernière, sur la place d’un être dans l’existence.

L’écriture est belle et efficace. Un bémol : le dénouement…

Laurent

 

Anomalies des zones profondes du cerveau, Laure Limongi

limongiL’auteur met en scène deux personnages :

L’une qui a développé la pathologie, sorte de céphalée aigüe, intermittente et qui témoigne avec un réalisme poétique, parfois avec humour, les manifestations internes, lors des crises.

L’autre : personnage masculin qui partage les moments de vie de l’une et qui lui renvoie comme dans un miroir les comportements extérieurs qu’il perçoit, qu’il analyse – dans le roman, une période de vacances.

L’écriture est imagée poétique, précise, le style moderne avec des phrases courtes, très évocatrices. Graphie alternative dans la forme lorsque l’une s’exprime dans un chapitre, l’autre s’exprime dans le suivant (très agréable). Des citations intéressantes. Le sujet est original. Pas facile de faire un roman avec un sujet sur la maladie (sans pathos)

Roman édifiant. Témoignage réaliste sur la maladie qui s’accompagne en poésie, en humour et où l’amour physique existe.

Eloïda

 

D’après une histoire vraie, Delphine Le Vigan

viganOuvrage à déconseiller aux Lecteurs Lacaniens !

C’est une histoire où la réalité se mêle sans cesse à la fiction sans jamais savoir laquelle deux dépasse l’autre. Au départ l’auteur(e); écrivain en panne d’inspiration et angoissée devant la feuille blanche fait une rencontre fortuite (ou non) avec un personnage énigmatique prénommé L (elle). Peu à peu cette amitié possessive va se transformer en cauchemar, le personnage principal va subir l’emprise de son amie et sombrer dans un délire proche de la folie.

Ce livre, sorte de thriller psychologique bâti avec une trame machiavélique et articulée selon le triptyque bien huilé de la séduction/dépression/trahison se lit comme un polar en suscitant constamment la curiosité du lecteur avec une intensité dramatique qui devient au fil des pages de plus en plus oppressante.

On l’aura bien compris, le sujet véritable de cet ouvrage se décrypte en filigrane, il s’agit du dédoublement de la personnalité, qui envahit le quotidien de chacun et peut conduire dans certains cas à une véritable paranoïa. Cette amie intrusive, ange gardien qui se transforme petit à petit en persécutrice raffinée n’a bien entendu jamais existé.

Delphine Le Vigan renoue ici avec ses démons habituels qui ont fait le succès de ses précédents ouvrages, à savoir la dualité entre la fragilité des êtres et l’emprise mentale que l’on peut exercer sur eux.

Si l’écriture s’avère être une arme capable de tuer avec des mots, elle peut aussi se révéler une thérapie efficace et nous délivrer de nos tourments et obsessions intimes en explorant le plus profond de nous-même. Delphine Le Vigan en fait ici une nouvelle fois la brillante démonstration.

Ce roman inspiré de faits semble-t-il largement « autobiographiques » est écrit dans une langue , vivante , alerte, plaisante et présente de nombreuses analogies avec deux ouvrages récemment parus : L’ascendant d’Alexandre Postel et Viviane Elisabeth Fauville de Julia Deck.

Guy