Au pays d’Alice, Gaelle Bantegnie
Dans ce livre, Gaëlle Bantegnie nous raconte son expérience de la maternité, son accouchement, la naissance de sa fille Alice et les quatre premières années de sa vie mouvementée. On y découvre la difficulté d’être mère, cela ne s’apprend pas, les péripéties de l’enfantement, les premiers contacts et émois, la relation fusionnelle entre elle et sa fille les rapports possessifs , les angoisses , puis la nouvelle vie qui s’organise avec le père Antoine en arrière fond ; les craintes de mal faire , les premiers mois de l’existence où le rôle de la mère est omniprésent puis petit à petit le bébé qui grandit et acquiert une relative autonomie, les premiers pas , la découverte de l’environnement immédiat , le contact avec le monde, enfin l’enfant qui découvre l’école et affirme ses besoins d’indépendance, manifeste sa personnalité .
Cela donne à l’auteur l’occasion d’écrire quelques belles pages, drôles, caustiques, de raconter des anecdotes de la vie quotidienne, de livrer ses réflexions pertinentes et décalées sur l’arrivée d’un enfant dans sa vie et dans celle d’un couple ; les relations complexes et les perturbations que cela engendre.
On pouvait s’attendre avec le pays d’Alice à une merveille, (c’était inévitable…) toutefois le sentiment général après la lecture de ce livre est celui d’un travail inachevé. Gaelle Bantegnie nous avait habitués à mieux avec ses précédents ouvrages, notamment l’excellent France 80 qui nous avait fait découvrir et aimer cet auteur. L’écriture ici parait un peu bâclée et cela nuit à la finalité du propos, malgré quelques analyses psychologiques et pédagogiques assez fines.
Guy
L’Ange de l’Oubli, Maja Haderlap
L’auteur est poète, cela transpire dans tout le livre. Dans la description des paysages de Carinthie, de ce peuple slovène, et même les atrocités évoquées sont recouvertes de ce voile poétique. L’histoire humaine est imbriquée fortement dans la force de la nature, qui accepte les hommes et les rejette dans « le piège de la vallée ». C’est un « roman » (en fait très proche d’une biographie) sur l’identité, le traumatisme qui enferme l’individu et lui fait rejeter les autres. L’auteur nous fait découvrir un pan laissé dans l’oubli de l’histoire autrichienne, de ces slovènes resté dans leur patrie, qui furent parmi les premiers résistants au Reich, et qui payèrent un très lourd tribu.
sophie
2084 La fin du monde, Boualem Sansal
Une fable d’anticipation, dit-on ? Dans la pure lignée d’Orwell, Boualem Sansal s’y entend pour nous montrer ce que pourrait devenir un monde fondé sur l’amnésie, la soumission totale à un dieu unique et ses représentants. La mort est partout, car pour que le peuple s’accroche désespérément a sa foi, il faut la guerre, des morts en nombre. Il y a culture et culture, dit l’auteur. Celle qui additionne les connaissances, et celle qui additionne les carences. Dans ce pays rêvé , la foi commence par la peur et se poursuit dans la soumission absolue. La soumission à tout. L’ignorance, la peur, la violence extrême, la mort. « La religion , c’est vraiment le remède qui tue »( p 247) Ce livre devrait faire polémique… Sophie