Gratis, Félicité Herzog
Pour son deuxième livre, Félicité Herzog a écrit un roman qui raconte la résistible ascension d’un golden boy, son irrémédiable déclin puis son inéluctable rebond quelques années plus tard à la tête d’une Start up iconoclaste qui devient une multinationale redoutable et redoutée.
Si l’idée de départ parait assez bonne, l’auteur bâcle l’histoire par la description d’un monde trop manichéen, des personnages caricaturaux, très superficiels et des situations paradoxales ou équivoques qui altèrent considérablement la portée du propos.
La forme ne sauve pas le fond ; L’écriture est impersonnelle, un tantinet lancinante ; le style oscille sans cesse entre celui d’un reportage documenté de journaliste et le rapport d’un expert technocrate. Le rythme est monocorde et ne fait jamais faire vibrer le lecteur. Aucune poésie ne s’échappe de ces lignes.
Ce n’est pas un roman écrit avec ses tripes qui témoigne d’une force d’écriture et d’un talent original mais un exercice de style qui se veut très maitrisé, très policé (cela s’apparente davantage à un produit marketing). Ce livre reflète la pensée de nos élites formatées où le rationnel dans un monde normé doit toujours prévaloir et où l’imprévu n’a pas sa place.
Seule bonne nouvelle ; Herzog se lance dans la littérature après avoir essayé le monde de la finance ; on peut s’en réjouir car elle fera à coup sûr moins de dégâts chez Gallimard que par le passé (elle a été responsable du programme Bridge the gap pendant plusieurs années chez AREVA avec le succès que l’on connait …!)
Ce roman aurait dû s’appeler Courage fuyons et non gratis …car dans ce livre la réalité dépasse la fiction …en effet l’auteur a participé dans des vies antérieures au naufrage effectif de grandes entreprises …..C’est un livre de souvenirs à peine romancés !
Guy