Gratis, Félicité Herzog
Pour son deuxième livre, Félicité Herzog a écrit un roman qui raconte la résistible ascension d’un golden boy, son irrémédiable déclin puis son inéluctable rebond quelques années plus tard à la tête d’une Start up iconoclaste qui devient une multinationale redoutable et redoutée.
Si l’idée de départ parait assez bonne, l’auteur bâcle l’histoire par la description d’un monde trop manichéen, des personnages caricaturaux, très superficiels et des situations paradoxales ou équivoques qui altèrent considérablement la portée du propos.
La forme ne sauve pas le fond ; L’écriture est impersonnelle, un tantinet lancinante ; le style oscille sans cesse entre celui d’un reportage documenté de journaliste et le rapport d’un expert technocrate. Le rythme est monocorde et ne fait jamais faire vibrer le lecteur. Aucune poésie ne s’échappe de ces lignes.
Ce n’est pas un roman écrit avec ses tripes qui témoigne d’une force d’écriture et d’un talent original mais un exercice de style qui se veut très maitrisé, très policé (cela s’apparente davantage à un produit marketing). Ce livre reflète la pensée de nos élites formatées où le rationnel dans un monde normé doit toujours prévaloir et où l’imprévu n’a pas sa place.
Seule bonne nouvelle ; Herzog se lance dans la littérature après avoir essayé le monde de la finance ; on peut s’en réjouir car elle fera à coup sûr moins de dégâts chez Gallimard que par le passé (elle a été responsable du programme Bridge the gap pendant plusieurs années chez AREVA avec le succès que l’on connait …!)
Ce roman aurait dû s’appeler Courage fuyons et non gratis …car dans ce livre la réalité dépasse la fiction …en effet l’auteur a participé dans des vies antérieures au naufrage effectif de grandes entreprises …..C’est un livre de souvenirs à peine romancés !
Guy
Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes, Olivier Bleys.
Dans un vieux quartier délabré d’une ancienne ville industrielle chinoise, la famille Zhang tente de survivre dans un pays qui se veut de plus en plus moderne et qui semble oublier les habitants attachés à leur passé
Le vieil arbre à laque du misérable jardin entourant la bicoque des Zhang sera pour l’auteur le prétexte à envisager une méditation sur la Chine contemporaine, sur le regard que peut porter chaque membre d’une famille sur cette dernière, sur la place d’un être dans l’existence.
L’écriture est belle et efficace. Un bémol : le dénouement…
Laurent
Anomalies des zones profondes du cerveau, Laure Limongi
L’auteur met en scène deux personnages :
L’une qui a développé la pathologie, sorte de céphalée aigüe, intermittente et qui témoigne avec un réalisme poétique, parfois avec humour, les manifestations internes, lors des crises.
L’autre : personnage masculin qui partage les moments de vie de l’une et qui lui renvoie comme dans un miroir les comportements extérieurs qu’il perçoit, qu’il analyse – dans le roman, une période de vacances.
L’écriture est imagée poétique, précise, le style moderne avec des phrases courtes, très évocatrices. Graphie alternative dans la forme lorsque l’une s’exprime dans un chapitre, l’autre s’exprime dans le suivant (très agréable). Des citations intéressantes. Le sujet est original. Pas facile de faire un roman avec un sujet sur la maladie (sans pathos)
Roman édifiant. Témoignage réaliste sur la maladie qui s’accompagne en poésie, en humour et où l’amour physique existe.
Eloïda