Librairie Orange bleue

mais pas que…

A L’Orange bleue, il y a tous les tomes de Mortelle Adèle (depuis trrrrèèès longtemps !)…

mais pas que

à la table des littératures : sensations, surprises, émotions, fulgurances pour les curieuses et les aventuriers ; l’évasion sans carte d’embarquement !

 

Avez-vous vu celui-là ?

Tu aurais dû t’en aller, Daniel Kehlmann – Actes Sud
Un scénariste emmène sa femme et sa fille Esther dans une grande maison perdue au bout d’un chemin de montagne. Louée sur AirBnb, ils n’ont eu aucun contact avec le propriétaire de cette sublime bâtisse d’architecte. Et voilà, qu’après un ou deux jours la maison semble vivante et changer de forme, défiant toutes les lois de la physique. Et que dire de son scénario émaillé de ce qui ressemble à un journal intime de plus en plus angoissé. Il semble contaminé par une autre écriture que la sienne qui tenterai de le prévenir d’un danger en notant Va-t-en sur plusieurs de ses pages.
Daniel Kehlmann renouvelle dans ce court roman les codes de la littérature fantastique.

Avez-vous vu celui-ci ?

On était des poissons, Nathalie Kuperman – Flammarion
« « On était des poissons ». Ma mère a prononcé cette phrase qui semblait prolonger une rêverie. Nous étions sur la plage.
« Puis on est devenu des êtres humains », a-t-elle ajouté, comme redescendant sur terre. « Tu es prête ? Maillot de bain ! » »
Ainsi s’ouvre le très beau livre de Nathalie Kuperman qui nous plonge dans une relation mère -fille hors norme, un amour si fou qu’il peut faire mal.
Borderline, siphonnée mais sacrément solaire et maîtrisant la grisante alchimie des mots, une mère emmène sa fille à la mer. Ça se passe dans le Sud-Est de la France, sur la Côte d’Azur avec ses rochers, la mer, le soleil brûlant et Madame Platini, la propriétaire de l’hôtel où loge le couple mère-fille qui se révèle l’un des personnages clef de l’intrigue. C’est l’histoire d’une filiation d’orpheline qui va se révéler jusqu’au suspense. C’est la jeune fille, Agathe, qui du haut de ses 11 ans prend en charge le récit de cet été si particulier en forme de fugue. Son père vient de quitter sa mère pour fonder une autre famille aux Etats-Unis. Alors que sa mère la presse de se dépêcher de grandir, la jeune Agathe, que sa mère n’appelle que par des surnoms – ma petite salamandre, mon petit macaroni – tente de se dépêtrer comme elle peut avec le secret que sa mère lui révèle et dont elle se passerait bien. Très beau livre !

Avez-vous vu celui-là ?

Les danseurs de l’aube, Marie Charrel – Les Editions de l’Observatoire
A cheval sur deux époques, entre les années 1930 et 2017 – le sixième roman de Marie Charrel écrit une part de l’histoire de l’Europe et célèbre le courage de la résistance à travers un thème inattendu : la danse flamenco.
Les intrigues croisées se mêlent donc à la grande Histoire qui sert bien plus que de toile de fond à ses personnages magnifiques dont deux  – les jumeaux Sylvin et Maria Rubinstein, ont réellement existés. Fuyant la Russie soviétique, ils s’installent en Pologne où ils apprennent l’art du flamenco auprès de gitans solaires. Bientôt ils vont mettre toutes les scènes d’Europe et de New York à leurs pieds. Mais alors que la guerre éclate, les danseurs sont séparés et Maria assassinée. Sylvin, comme amputé, entre alors en résistance sous les traits de sa sœur. Ainsi dans la peau d’une femme, il aide les réseaux et cachent des grenades sous ses jupons de flamenca.
De nos jours, dans les milieux altermondialistes, Lukas, jeune danseur à l’identité trouble rencontre la belle Iva qui a le duende, l’âme du flamenco chevillée au corps. Il lui raconte l’histoire des Rubinstein que la jeune femme ignorait. Ensembles, ils vont danser sur les scènes européennes jusqu’à ce que le présent rattrape Iva et l’oblige à fuir…
Dans ce très beau livre où se mêlent matériaux historique et fiction, Marie Charrel écrit le destin d’artistes prêts à tout pour défendre la liberté face à la folie du monde. Un roman lumineux contre l’obscurité.

Avez-vous vu celui-ci ?

La vengeance m’appartient, Marie Ndiaye – Gallimard
Maître Susane, quarante-deux ans, avocate installée à Bordeaux, reçoit la visite de Gilles Principaux. Elle croit reconnaître en cet homme celui qu’elle a rencontré quand elle avait dix ans, et lui quatorze — mais elle a tout oublié de cette après-midi dans la chambre du garçon. Ne subsiste que l’impression d’un ravissement, d’une subjugation. Or Gilles Principaux vient voir Maître Susane pour qu’elle prenne la défense de sa femme Marlyne, qui vient de tuer leurs trois enfants.
Qu’est-ce vraiment que la famille notamment quand on est une femme, et que vaut le souvenir ? Marie Ndiaye signe ici un thriller psychologique implacable au style virtuose.

mais pas que…

A L’Orange bleue, il y a le livre à lire pour le prof de français…

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à la table des idées : on s’exprime, on propose, on expose sans algorithme mais en toute liberté

 

Avez-vous vu celui-là ?

La Finance autoritaire, vers la fin du néolibéralisme. Marlène Benquet & Théo Bourgeron. Raisons d’agir éditions
Depuis plusieurs années déjà, on voit paraître des ouvrages sur l’arrivée progressive d’un nouvel âge de la finance (dixit ses propres acteurs). En voici un qui met les points sur les « i ». La finance ne serait plus l’alpha et l’omega du néolibéralisme – rien que ça ! – mais serait devenu son concurrent voire son ennemi : « les sources de financement du Brexit révèlent le poids considérable d’une partie de la finance… ». Un nouvel âge de la financiarisation qui promeut un courant idéologique puissant mais méconnu : le libertarianisme.

Avez-vous vu celui-ci ?

Pandémopolitique, réinventer la santé en commun. Jean-Paul Gaudillière, Caroline Izambert, Pierre-André Juvent. La Découverte
Quelque soit notre porosité aux « informations » qui circulent dans les différents médias et à travers les réseaux sociaux, on a tous l’intuition qu’il y a un problème avec nos systèmes de santé occidentaux. Et le premier des constats est : qui a décidé et comment ont été définis (démocratiquement ?) les priorités de notre système de santé ? Malgré l’inquiétante similitude dans les choix de toutes les démocraties libérales occidentales, des expériences alternatives existent comme nous le montrent les auteurs. La crise actuelle est en cela bien plus qu’une crise sanitaire.

Avez-vous vu celui-là ?

De la Pandémie en démocratie, Santé, Recherche, Education. Barbara Stiegler. Tracts Gallimard
Dans l’excellente collection des « Tracts » à 3,90 euros (!!), une petite pépite qui réjouira tous ceux qui se sentent mal à l’aise avec les choix politiques et idéologiques qui se révèlent dans la crise actuelle. Coincé entre un malaise nauséeux nourri d’intuitions inquiétantes et, de l’autre côté, les risques d’égarement dans les jungles d’extrémismes purulents, vous n’osez exprimer vos doutes et vos réflexions ? Précipitez-vous sur ce petit opuscule d’à peine 60 pages. Alors le coronavirus devenu pandémie puis crise sanitaire puis état d’urgence sanitaire puis… stop ! alors tout devient beaucoup moins anxiogène : il y a des combats à mener d’urgence.

Avez-vous vu celui-ci ?

Le nouveau désordre numérique, Comment le digital fait exploser les inégalités. Olivier Babeau. Buchet-Chastel
Olivier Babeau n’est pas un vieux croûton grincheux technophobe. Essayiste et économiste respecté, fondateur d’un laboratoire d’observation social sur la place de l’être humain dans le monde technologique, Olivier Babeau tire néanmoins la sonnette d’alarme. Le numérique n’a pas libéré les entreprises mais les a assujettis à des titans capables d’imposer leur loi, même aux Etats. Le numérique n’a pas ébranlé l’ordre social fondé sur le pouvoir de l’argent. Au contraire, il a séparé outrageusement, des élites technophiles des populations déconnectées, marginalisées, culpabilisées et sans avenir. Quant à la démocratie, elle n’a jamais été aussi faible, aussi galvaudée, aussi fragilisée, voire remise en cause… Heureusement, l’auteur propose et suggère. Mais Olivier Babeau nous met également en garde : si nous n’agissons pas, le numérique va détruire la civilisation…
Un petit confinement numérique pour finir ?!

Al Manar, la Méditerranée en poésie

« Al Manar » signifie « Le phare », en arabe classique.

Les Editions Al Manar, créées en France à l’initiative d’Alain Gorius, éditent des livres qui sont autant d’espaces de rencontre entre écrivains (généralement francophones) et artistes-peintres originaires de tous les bords de la Méditerranée.

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Plus de trois cents titres ont été publiés à ce jour ; des écrivains du Sud (Vénus Khoury-Ghata, Adonis, A. Khatibi, M. Bennis, Abdellatif Laâbi, M. Nissabouri, Salah Stétié) ou du Nord (Sylvie Germain, J-P. Millecam, N. de Pontcharra) y sont accompagnés par des peintres de talent, du Sud comme Azzaoui, Belkahia, Binebine, Kacimi, Koraïchi…, ou du Nord comme J. Baltazar, Cl. Bellegarde, S. Bijeljac, D. de Bournazel, G. Titus-Carmel, S. Pignon, Christiane Vielle, W. Velickovic… Citons encore Aïcha Arnaout et Maram Al Masri, poétesses syriennes, et Sakher Farzat, peintre syrien ; Etel Adnan, Georgia Makhlouf, écrivains libanais ; Kabila, peintre français d’origine gitane andalouse ; Leïla Sebbar et Albert Bensoussan, qui, de par leurs origines familiales et leur parcours, appartiennent aux deux rives du Mare nostrum, comme d’ailleurs Anne Rothschild, poétesse ashkénaze que l’on rencontre souvent à Ramallah ; Tahar Bekri, poète tunisien, Özdemir Ince, poète et homme de lettres turc ; le Catalan Jaume Pont, et aussi frère Bernard Perroy…

‘Rien de ce qui est méditerranéen ne nous est étranger’, aime-t-on dire chez Al Manar…