Librairie Orange bleue

La sélection est dans l’escalier N°14

Quelques idées de l’équipe de l’Orange bleue en cette période de confinement.

litteetrangereUne sélection parmi les ouvrages disponibles sur les étagères de la librairie.

 

Aujourd’hui : La littérature étrangère.

Les Mangeurs d’argile, Peter Farris

A quatorze ans, Jesse Pelham vient de perdre son père à la suite d’une chute mortelle dans leur vaste domaine familial de Géorgie. Accablé, il se réfugie dans les bois et se rend sur les lieux du drame. Il y fait la rencontre de Billy, un vagabond traqué depuis des années par le FBI. Une troublante amitié naît alors entre cet homme au passé meurtrier et le jeune garçon solitaire. Mais lorsque Billy révèle à Jesse les circonstances louches de l’accident dont il a été le témoin, le monde du garçon s’effondre une deuxième fois. Désormais, tous ceux qui l’entourent sont des suspects, à commencer par sa belle-mère et son oncle, un prêcheur cynique et charismatique. Alors que le piège se referme, Jesse se tourne vers Billy.

Trinity, Louisa Hall

15 juillet 1945, Los Alamos, Nouveau-Mexique. Robert Oppenheimer, brillant scientifique et créateur de la bombe atomique, compte les heures, les minutes. Il attend le lancement de l’essai nucléaire Trinity. Un agent du FBI, une journaliste ou encore sa secrétaire particulière témoignent de celui qu’il était. A travers sept récits s’élabore par petites touches le portrait kaléidoscopique d’un homme de l’ombre qui a transformé le destin de l’humanité. Trinity explore les confins de la culpabilité, son influence sur les corps et les esprits. Ici, les histoires personnelles des narrateurs se mêlent à l’histoire mondiale, et les fantômes des victimes des bombes d’Hiroshima et Nagasaki surgissent à chaque page. En interrogeant le rapport entre réalité et fiction, intime et universel, Louisa Hall compose un grand roman sur le monde terrifiant engendré par l’arme qui aurait dû en finir avec toutes les armes.

Des gens comme nous, Leah Hager Cohen

Rundle Junction, Etat de New York, été 2014. Dans quelques jours, Walter et Bennie Blumenthal célébreront le mariage de Clem et de sa petite amie afro-américaine. Si l’orientation sexuelle de leur fille et la couleur de peau de sa promise ne les ont jamais dérangés, ils connaissent d’autres motifs de contrariété. Alors qu’une horde d’invités s’apprêtent à débarquer Walter et Bennie tiennent secrète une décision qui pourrait bouleverser leur existence : la maison familiale depuis cinq générations va être mise en vente. Mais le plus grand chamboulement qui s’annonce concerne leur village, où l’installation imminente d’une communauté ultra-orthodoxe suscite l’inquiétude. Faut-il accueillir à bras ouverts les nouveaux arrivants et le changement qu’ils incarnent, ou bien lutter pour préserver l’intégrité de Rundle Junction ? Divisés sur la question, Walter et Bennie devront pourtant faire front commun pour recevoir les convives et garder la situation sous contrôle jusqu’aux noces. Cinq jours durant, des liens se (re)noueront, des policiers s’inviteront à la fête, des actes antisémites seront commis, une alliance disparaîtra et des secrets — certains dissimulés depuis des décennies — seront percés à jour. Interrogeant les notions de mémoire, d’identité et d’appartenance — 3 un lieu, à une communauté, 3 une lignée —, Leah Hager Cohen livre un roman lumineux et vivifiant sur ce qui nous sépare ou nous unit, ce joyeux bazar parfois nommé famille.

Un garçon sur le pas de la porte, Anne Tyler

Micah Mortimer, la petite quarantaine routinière, coule des jours heureux dans un quartier tranquille de Baltimore. En voiture, au travail ou avec sa petite amie, il ne dévie jamais de sa route toute tracée – jusqu’au jour où il trouve Brink Adams qui l’attend sur le pas de sa porte. Car l’adolescent fugueur en est sûr, Micah est son père biologique… Pour l’homme qui aimait ses habitudes, cette seconde chance sonne comme une malédiction. Prix Pulitzer, finaliste du Booker Prize, Anne Tyler est une figure majeure des lettres américaines, dont le style irrésistible et piquant fait encore une fois des merveilles.

Ne pas laisser le temps à la nuit, Sonia Molinari

Maiko se réveille dans une clinique de Bruxelles, une mystérieuse cicatrice au bas du dos et un souvenir lancinant dans sa mémoire en vrac : celui d’une adolescence heureuse à Hong Kong, brisée le jour où son père, microbiologiste de génie, a été porté disparu. La jeune femme entreprend de se reconstruire et se jette à corps perdu sur les traces de son père. Même s’il lui faut arpenter les quatre coins du monde en hôtesse de l’air, talonnée par d’inquiétants poursuivants. Dans ce récit d’une quête autant que d’une fuite en avant, Sonia Molinari saisit avec talent atmosphères et personnages, qu’elle observe et transcrit avec l’intuition d’une conteuse. C’est sans hésiter que l’on s’embarque à la suite de son héroïne rebelle et fragile.

Dans la gueule de l’ours, James A. Mc Laughlin

Criminel en cavale, Rice Moore trouve refuge dans une réserve des Appalaches, au fin fond de la Virginie. Employé comme garde forestier, il cherche à se faire oublier du puissant cartel de drogues mexicain qu’il a trahi. Mais la découverte de la carcasse d’un ours abattu vient chambouler son quotidien : s’agit-il d’un acte isolé ou d’un braconnage organisé ? L’affaire prend une tout autre tournure quand de nouveaux ours sont retrouvés morts. Alors que la police ouvre une enquête, Rice décide de faire équipe avec Sara Birkeland, une scientifique qui a occupé le poste de garde forestier avant lui. Ensemble, ils mettent au point un plan pour piéger les coupables. Un plan qui risque bien d’exposer le passé de Rice.

La Mangeuse de guêpe, Ania Nair

En 1965, Sreelakshmi, une jeune écrivaine indienne critiquée dans son pays pour avoir osé évoquer le désir féminin en termes crus, met fin à ses jours. Nul ne sait pourquoi, sauf peut-être son amant, qui gardera religieusement l’os de l’un de ses doigts. Cinquante ans plus tard, une fillette découvre par hasard la boîte contenant la relique, et libère sans le savoir l’âme et le secret de Sreelakshmi. A travers ce destin, la grande romancière Anita Nair, l’auteure mondialement connue de Compartiment pour dames, évoque avec sensualité et audace la condition féminine en Inde et dans le monde. Une ode à la liberté et au désir.

Le Volontaire, Salvatore Scibona

Tout commence par une découverte : un petit garçon de cinq ans erre seul dans l’aéroport d’Hambourg. De toute évidence, il a été abandonné par ses parents. Pourquoi ? Pour résoudre ce mystère, il nous faut retourner dans le temps et s’attarder sur un autre destin : celui de Vollie Frade, dit « Le Volontaire », un homme âgé vivant au Nouveau-Mexique et au passé lourd de secrets. Bien des années plus tôt, il s’est engagé pour la guerre du Vietnam, dans le but de se perdre et de disparaître. Et a ainsi, sans le savoir, déclenché une chaîne d’événements qui le mèneront des jungles du Cambodge (où il sera soldat) au quartier de Queens à New York et à une curieuse communauté hippie dans le Nouveau-Mexique. Où qu’il aille, Vollie Frade cherche un sens à sa vie, un lieu à habiter pleinement et une famille d’élection. Une quête qui pourrait le mener à la tragédie. Balayant plusieurs décennies, Le Volontaire trace le portrait de personnages marginaux et inoubliables. Avec son écriture âpre et lyrique, Salvatore Scibona nous livre un grand roman dans la plus pure tradition américaine et explore sur trois générations la nature des relations filiales.

Toutes ces vies jamais vécues, Anuradha Roy

Mychkine, paysagiste indien de renom, coule une retraite paisible dans sa maison natale. Mais sa quiétude se voit troublée par un colis inattendu en provenance du Canada : des lettres envoyées par sa mère, Gayatri, à une ancienne voisine. Elles ont été écrites entre juillet 1937 — moment où Gayatri est partie pour Bali, abandonnant les siens, dont son fils de neuf ans — et octobre 1941, date à laquelle cette correspondance s’interrompt mystérieusement. A l’époque, tout le voisinage, prompt à s’enflammer, a accusé la jeune femme d’avoir quitté son mari pour un Anglais. L’homme en question était en fait un peintre allemand, Walter Spies, résidant à Bali, de passage en Inde. Quand il est reparti, Gayatri l’a suivi, guidée non par l’amour mais par le désir éperdu de briser son carcan d’épouse et de mère pour retrouver sa liberté d’artiste. Marquant ainsi au fer rouge, dans la mémoire de son fils, ce jour terrible où elle a choisi de le laisser. A mesure qu’il découvre les raisons profondes du départ de sa mère et des épisodes insoupçonnés de sa vie balinaise, Mychkine revisite ses propres souvenirs et se risque à réinterpréter le drame familial. Un drame qu’il passe aussi au prisme de l’histoire nationale et internationale : mobilisation pour l’indépendance de l’Inde, montée du nazisme, implication des Indes britanniques et néerlandaises dans la Seconde Guerre mondiale. Tressant, avec une délicatesse toute poétique, convulsions historiques et déchirements intimes, l’auteur retrace, à travers le regard aimant d’un fils meurtri, la trajectoire heurtée d’une femme libre.

Elmet, Fiona Mozley

John Smythe est venu s’installer avec ses enfants, Cathy et Daniel, dans la région d’origine de Leur mère, le Yorkshire rural. Ils y mènent une vie ascétique mais profondément ancrée dans la matérialité poétique de la nature, dans une petite maison construite de leurs mains entre la lisière de la forêt et les rails du train Londres-Edimbourg. Dans les paysages tour à tour désolés et enchanteurs du Yorkshire, terre gothique par excellence des sœurs Brontë et des poèmes de Ted Hughes, ils vivent en marge des lois en chassant pour se nourrir et en recevant les leçons d’une voisine pour toute éducation. Menacé d’expulsion par Mr Price, un gros propriétaire terrien de la région qui essaye de le faire chanter pour qu’il passe à son service, John organise une résistance populaire. Il fédère peu à peu autour de lui les travailleurs journaliers et peu qualifiés qui sont au service de Price et de ses pairs. L’assassinat du fils de Mr Price déclenche alors un crescendo de violence ; les soupçons se portent immédiatement sur John qui en subit les conséquences sous les yeux de ses propres enfants…

Villa Chagrin, Gail Godwin

Marcus a onze ans quand sa mère meurt dans un accident de voiture. Il emménage alors chez sa grand-tante Charlotte, une originale qui, après trois mariages, s’est installée dans une maison en bord de mer sur une petite île de Caroline du Sud, pour se consacrer à sa passion : la peinture. Une maison au nord de l’île fascine Marcus : surnommée la Villa Chagrin, on rapporte que la famille qui l’habitait aurait disparu soudainement lors d’une tempête, cinquante ans auparavant. Le jeune garçon va s’y rendre chaque jour, car il a aperçu le fils de la famille dans un reflet du soleil.

La sélection est dans l’escalier N°13

Quelques conseils de l’équipe de l’Orange bleue en cette période de confinement.

coupsdecoeurQuelques idées de lectures et de livres disponibles sur les étagères de la librairie.

 

Aujourd’hui : pêle-mêle de coups de coeur !

Nanaqui, une vie d’Antonin Artaud, Broyart & Richard

La folie n’est qu’affaire de perspective. En 1937, Antonin Artaud est arrêté en Irlande pour trouble à l’ordre public puis débarqué en France. Dans un état de confusion mentale avancée, sujets à de fréquents accès de crises, l’asile et l’internement seront dès lors son lot quotidien, pendant plus de 9 ans. Mais si l’art a toujours été et restera l’ultime échappatoire des douleurs qui le rongent intérieurement, Antonin Artaud ne se remettra jamais vraiment de cet état de fait, malgré le soutien de ses amis artistes. La faute à un encadrement médical inefficace ou de mauvaises conditions d’internement ? Reste aux lecteurs une œuvre immense – du Théâtre de la cruauté à sa participation comme acteur dans La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer – où résident sans doute les clés d’un monde intérieur trop intense pour le carcan de la réalité. Poète, écrivain, dramaturge, figure du surréalisme, Antonin Artaud est un auteur essentiel du paysage culturel français, considéré par Gilles Deleuze comme la « profondeur absolue en littérature ».
Ce très beau roman graphique nous ouvre autant sur la personnalité torturée de cet artiste hors norme qu’il offre un portrait édifiant des conditions de traitement de la maladie mentale au début du XXe siècle.

L’histoire de la couleur dans l’art, Stella Paul

Cet ouvrage révèle les secrets de la couleur en explorant l’histoire et la signification de cet élément parmi les plus fondamentaux de l’art. A travers le récit fascinant des passions artistiques et des découvertes scientifiques, le langage des couleurs se dévoile en filigrane d’une histoire de l’art encore en cours d’écriture. Des travaux optiques d’Isaac Newton aux théories impressionnistes, de la dynamique de Josef Albers à la métaphysique contemporaine d’Olafur Eliasson, ce livre raconte comment nous utilisons la couleur pour peindre le monde.

Le Chemin des Femmes, Michelle Perrot

Michelle Perrot est une des plus grandes historiennes contemporaines. Ses travaux, pionniers en matière d’histoire sociale, d’histoire des marges, des femmes et du genre, ont puissamment contribué à renouveler la discipline et ses objets. Les trois séquences qui rythment ce volume correspondent à ses thèmes de prédilection : ouvriers, marges et murs, femmes. S’intéressant à travers eux à des figures de dominés, longtemps ignorés par les chercheurs, elle explore les traces à demi effacées de vies ordinaires qui, elles aussi, ont fait l’histoire : celles des ouvriers en grève ou des détenus du XIXe siècle, celles des enfants des rues, vagabonds ou autres Apaches de la Belle Epoque.
Celles enfin des femmes, toujours inscrites dans la diversité de leurs parcours et saisies dans la variété de leurs lieux de vie : la chambre, l’atelier, l’usine, la maison bourgeoise, la rue. Longtemps étouffées ou inaudibles, les voix de ces femmes, ouvrières (« mot impie », selon Michelet) ou autrices (au premier rang desquelles George Sand), militantes ou anonymes, aux corps assujettis ou triomphants, exploités et désirés, sont restituées par la force d’un style singulier.
Toutes semblent se rejoindre in fine dans la figure de Lucie Baud, « révoltée de la soie », meneuse de grève en Isère et inspiratrice de Mélancolie ouvrière, saisissant livre-enquête ici reproduit en intégralité. Michelle Perrot a elle-même assuré la sélection, l’agencement et la présentation des textes retenus, portant un regard résolument lucide et personnel sur plus d’un demi-siècle de recherche et d’engagement. Ce volume permet d’en mesurer toute l’ampleur.

Le tigre des neiges, Akiko Higashimura

Et si Kenshin Uesugi, puissant seigneur de guerre ayant vécu durant l’époque Sengoku, au XVIe siècle, était en réalité une femme ? La mangaka Akiko Higashimura part de cette théorie existante pour nous proposer un manga historique relatant la vie de ce stratège hors pair surnommé le « Tigre d’Echigo ». L’histoire commence en 1529, à la naissance du troisième enfant de Tamekage Nagao, seigneur du château de Kasugayama. Son fils ainé n’ayant pas l’étoffe d’un guerrier, Tamekage veut faire de ce dernier-né son héritier, mais à son grand désespoir, c’est une fille qui naît. Il décide alors de l’élever comme un garçon et le nomme « Torachiyo ». Véritable garçon manqué, Torachiyo va grandir dans un petit château des montagnes, sans savoir quel incroyable destin l’attend…

Frères sorcières, Antoine Volodine

Dans un pays de montagnes et de désert, une petite troupe itinérante est attaquée par des bandits. Bien vite, l’unique survivante est entraînée dans la vie criminelle et sauvage de ses ravisseurs. Trois voix puissantes, toutes liées au théâtre, à la féminité, au chamanisme et à la mort, nous content des aventures violentes et démoniaques, marquées par une sexualité délirante mais aussi par la nostalgie de la déclamation, de la parole et du souffle. Et de la survie coûte que coûte.

La septième fonction du langage, Laurent Binet

« Il a rencontré Giscard à l’Elysée, a croisé Foucault dans un sauna gay, a vu un homme en tuer un autre avec un parapluie empoisonné, a découvert une société secrète où on coupe les doigts des perdants, a traversé l’Atlantique pour récupérer un mystérieux document. Il a vécu en quelques mois plus d’événements extraordinaires qu’il aurait pensé en vivre durant toute son existence. Simon sait reconnaître du romanesque quand il en rencontre ».
Roland Barthes meurt renversé par une camionnette le 25 février 1980. Et s’il s’agissait d’un assassinat ? Dans les milieux intellectuel et politique de l’époque, tout le monde est suspect. Jacques Bayard, commissaire de son état, et Simon Herzog, jeune sémiologue, mènent l’enquête. HILARANT !

Œuvres, Sylvia Plath

Ce volume rassemble la poésie, l’unique roman, les nouvelles et contes, les journaux et les essais autobiographiques de Sylvia Plath. La spécificité du volume est de mettre en valeur les oeuvres de Sylvia Plath par Sylvia Plath, c’est-à-dire telles que l’auteur les a pensées, souhaitées, voulues. Pour comprendre l’intérêt de cette nouvelle édition, il faut avoir à l’esprit l’histoire complexe de l’édition des manuscrits d’une jeune poète qui se donne la mort à 31 ans, en ayant publié de son vivant, outre les nombreuses parutions en revues et dans des magazines, deux livres : un recueil de poèmes Le Colosse et autres poèmes et un roman d’inspiration autobiographique, La Cloche de détresse (récit, sous le pseudonyme de Victoria Lucas, de son expérience psychiatrique à la suite d’une tentative de suicide).
A sa mort, elle laisse le manuscrit d’un autre recueil : Ariel et autres poèmes, et une sélection de 17 nouvelles (choisies parmi quelques 70). On retrouve également des carnets et journaux intimes, de nombreuses lettres, des milliers de pages de poèmes, des œuvres picturales… Un ensemble poétique et artistique qui témoigne d’un talent incontestable. Ted Hughes décide de faire connaître l’œuvre de son épouse.  Mais il opère des choix, notamment celui de remanier Ariel et d’éditer une version expurgée des Journaux.

Journaux, Kafka

Les Journaux de Kafka : voici, enfin, la première traduction intégrale en français des 12 cahiers, écrits de 1910 à 1922, que cette édition reproduit à l’identique, sans coupes et sans censure, en rétablissant l’ordre chronologique original. La traduction de Robert Kahn se tient au plus près de l’écriture de Kafka, de sa rythmique, de sa précision et sécheresse, laissant « résonner dans la langue d’arrivée l’écho de l’original ».
Elle s’inscrit à la suite de ses autres retraductions de Kafka publiées aux éditions Nous, A Milena (2015) et Derniers cahiers (2017). Les Journaux de Kafka, toujours surprenants, sont le lieu d’une écriture lucide et inquiète où se mêlent intime et dehors, humour et noirceur, visions du jour et scènes de rêves, où se succèdent notes autobiographiques, récits de voyages et de rencontres, énoncés lapidaires, ainsi qu’esquisses et fragments narratifs plus longs.
Dans ce battement entre vie écrite par éclats et soudaines amorces fictionnelles, les Journaux se révèlent être le cœur de l’œuvre de Kafka : le lieu où les frontières entre la vie et l’œuvre s’évanouissent. Il est plus clair que n’importe quoi d’autre que, attaqué sur la droite et sur la gauche par de très puissants ennemis, je ne puisse m’échapper ni à droite ni à gauche, seulement en avant animal affamé le chemin mène à une nourriture mangeable, à de l’air respirable, à une vie libre, même si c’est derrière la vie.

Just kids, Patti Smith

C’était l’été où Coltrane est mort, l’été de l’amour et des émeutes, l’été où une rencontre fortuite à Brooklyn a guidé deux jeunes gens sur la voie de l’art, de la ténacité et de l’apprentissage. Patti Smith deviendrait poète et performeuse, et Robert Mapplethorpe, au style très provocateur, se dirigerait vers la photographie. Liés par une même innocence et un même enthousiasme, ils traversent la ville de Brooklyn à Coney Island, de la 42e Rue à la célèbre table ronde du Max’s Kansas City, où siège la cour d’Andy Warhol. En 1969, le couple élit domicile au Chelsea Hotel et intègre bientôt une communauté de vedettes et d’inconnues, artistes influents de l’époque et marginaux hauts en couleur. C’est une époque d’intense lucidité, les univers de la poésie, du rock and roll, de l’art et du sexe explosent et s’entrechoquent. Immergés dans ce milieu, deux gamins font le pacte de toujours prendre soin l’un de l’autre. Romantiques, engagés dans leur pratique artistique, nourris de rêves et d’ambitions, ils se soutiennent et se donnent confiance pendant les années de vache maigre. Just Kids commence comme une histoire d’amour et finit comme une élégie, brossant un inoubliable instantané du New York des années 60-70, de ses riches et de ses pauvres, de ses paumés et de ses provocateurs. Véritable conte, il retrace l’ascension de deux jeunes artistes, tel un prélude à leur réussite.

Agora zéro, Eric Arlix & Frédéric Moulin

AGORA ZÉRO est un court roman écrit à quatre mains, une plongée au cœur de la « nouvelle civilisation » rêvée par les libertariens de la Silicon Valley. C’est aussi une histoire de fantômes : ceux de l’ancienne Athènes, où le procès truqué des stratèges des Arginuses, préfiguration de la condamnation de Socrate, sept ans plus tard, contribua à la défiance manifestée par les philosophes grecs envers leur démocratie, à quoi ils opposèrent une conception déjà « cybernétique » de la gestion de la cité comme des relations entre ses membres.

Une éducation libertine, Jean-Baptiste Del Amo

Paris, 1760. Le jeune Gaspard laisse derrière lui Quimper pour la capitale. De l’agitation portuaire du fleuve aux raffinements des salons parisiens, il erre dans les bas-fonds et les bordels de Paris. Roman d’apprentissage, Une éducation libertine retrace l’ascension et la chute d’un homme asservi par la chair. Prix Goncourt du premier roman 2009. « C’est un homme sans vertu, sans conscience. Un libertin, un impie. Il se moque de tout, n’a que faire des conventions, rit de la morale. Ses mœurs sont, dit-on, tout à fait inconvenantes, ses habitudes frivoles, ses inclinations pour les plaisirs n’ont pas de limites. Il convoite les deux sexes. On ne compte plus les mariages détruits par sa faute, pour le simple jeu de la séduction, l’excitation de la victoire. Il est impudique et grivois, vagabond et paillard. Sa réputation le précède. Les mères mettent en garde leurs filles, de peur qu’il ne les dévoie. Il est arrivé, on le soupçonne, que des dames se tuent pour lui. Après les avoir menées aux extases de l’amour, il les méprise soudain car seule la volupté l’attise. On chuchote qu’il aurait perverti des religieuses et précipité bien d’autres dames dans les ordres.  Il détournerait les hommes de leurs épouses, même ceux qui jurent de n’être pas sensibles à ces plaisirs-là. Oh, je vous le dis, il faut s’en méfier comme du vice. »

La sélection est dans l’escalier N°12

Quelques conseils de l’équipe de l’Orange bleue en cette période de confinement.

poesieQuelques idées de livres et de lectures disponibles sur les étagères de la librairie.

Aujourd’hui : la poésie

Ananda Devi, Danser sur tes braises

« Tout commence par la perte des eaux. L’outre se désemplit pour livrer le passage à une entité complète en soi. Pas un corps étranger ; un bourgeon, une ébauche, une excroissance intime, qui, une fois émergé, devient cet autre auquel seuls nous rattachent les liens de l’amour et du désarroi. »

Fabienne Swiatly, Elles sont au service

« Aide à la personne, soin, accueil, éducation… Prise en charge du corps de l’autre. Entretien des bureaux, des maisons, des écoles. » Dès les premiers mots, le ton est donné sans faux-semblants : c’est des femmes au travail dont nous parle ce livre composé de petites proses. Soixante-deux textes pour être précis, comme autant d’instantanés « cadrés serrés », de fragments sans prétention qui donnent à voir les « fragments de vie » de celles qui « sont au service ». Sans jugement ni commisération, avec un sens aigu du détail et du langage des corps, Fabienne Swiatly scrute la réalité sociale et les tâches dévolues aux femmes. Pénibilité, abnégation, souffrance étouffée, révolte ou beauté du geste —, celles qui se taisent trouvent dans la plume exacte de l’autrice une alliée de premier ordre. Total respect.

Venus Khoury-Ghata, Demande à l’obscurité

PÉNURIE DE VIE…
à Ernest Pignon-Ernest

Pénurie de vie à mesure que les vitres devenaient
opaques
et qu’un rameau trop vert étranglait le feu
la neige parlait pour nous
les boucs dans l’enclos se battaient pour une femelle
pour une fane de maïs
échauffourées quotidiennes sans vainqueur ni vaincu
l’aïeul face à l’âtre voyait son âme sortir de sa poitrine
cogner le plafond
lui revenir

hivers longs comme le fleuve du ravin
les femmes hibernaient dans leur robe
le miroir se perdait de vue
intempéries et sang menstruel liés aux colères des hommes

c’est du moins ce qui se disait

William Cliff, Le temps suivi de Notre Dame

Christopher Okigbo, Labyrinthes

Christopher Okigbo meurt tragiquement en 1967 sur le front biafrais, au tout début de la guerre civile qui va déchirer le Nigeria. Considéré alors comme l’un des meilleurs poètes de sa génération, il vient d’achever la composition de Labyrinthes. A l’université d’Ibadan, où il a étudié le latin et le grec, il côtoie Wole Soyinka et Chinua Achebe. Ensemble, ils participent à la création du Mbari Club, véritable vivier d’écrivains, de peintres et de sculpteurs, de musiciens et d’acteurs à l’origine d’une nouvelle culture artistique qui, dans les années qui suivent l’indépendance, bouscule les clichés sur l’art africain. L’œuvre de Christopher Okigbo, inspirée par l’esthétique moderniste de l’emprunt et du collage, s’inscrit dans la lignée de T.S. Eliot ou d’Ezra Pound, tout en puisant dans la richesse de sa culture igbo une matière poétique inégalable. Selon les propres mots de l’auteur, Labyrinthes est rune fable de la quête éternelle de l’homme pour son épanouissement ». Il suffit alors d’accepter de perdre son chemin dans ce parcours initiatique et de se laisser guider par la musicalité de ces poèmes, leur rythme incantatoire, l’alternance de leurs répétitions et de leurs silences, pour en goûter l’obsédante beauté. L’accent prophétique des derniers poèmes, écrits dans l’urgence de graves bouleversements politiques, laisse présager l’imminence du désastre. Pour Chimamanda Ngozi Adichie, qui signe l’introduction de ce recueil, « c’était un romantique. Il voulait se battre pour ses convictions ». Aujourd’hui encore, ce poète fulgurant devenu figure légendaire des lettres africaines continue d’influencer les jeunes générations.

Paul Valet, La parole qui me porte

Paul Valet, de son vrai nom Georges Schwartz, né à Moscou en 1903 et mort à Vitry-sur-Seine en 1987, poète mais aussi pianiste, peintre et médecin (il fut un des pionniers de l’homéopathie) est un de ces grands singuliers libres de toute allégeance dont le parcours et l’oeuvre sont marqués par l’insoumission et la révolte contre toutes les oppressions. Grand résistant, chef de réseau les armes à la main comme Char, il voit tous les siens disparaître à Auschwitz . Il vivra après la guerre hors des cénacles littéraires, médecin des pauvres à Vitry , publiant treize recueils de son vivant , principalement chez GLM et au Mercure de France, nouant des relations privilégiées avec Eluard, Prévert, Char, Michaux ou Cioran. « Ses vers sont d’un déchaîné, ses propos d’un sage », dit de lui Cioran évoquant par ailleurs son « lyrisme frénétique ». D’une langue drue, jaculatoire ou concentrée dans des aphorismes incisifs, sa poésie sans concession mais qui fuit le nihilisme ou le dépit illustre parfaitement ce courage d’exister que Sophie Nauleau, qui préface notre volume, a choisi pour thème du Printemps des poètes 2020.

Emma Moulin-Desvergnes, Cercles

Il est des voix qui parlent d’un lieu inaccessible à la plupart d’entre nous, sans doute faut-il s’en réjouir ─ l’on devrait dire plutôt l’ombre d’un lieu, fantôme et projection, cette éclipse de la raison commune qui ne saurait avoir qu’un temps : celui de l’isolement. La poésie d’Emma Moulin-Desvergnes en porte témoignage. C’est une poésie des cendres. L’ensemencement d’une terre brûlée, rendu possible par la sureté d’une technique qui « de l’expérience d’une vie » (ce que disait Whistler, le peintre des Fusées, de son étonnante rapidité d’exécution, dont on lui fit grief) s’entend à extraire le geste immédiatement fécond, la précision jamais démentie de ses images. La fameuse idée de Michel-Ange, voulant la forme de la statue déjà enclose dans le bloc de marbre.

Dominique Sampiero, Ne dites plus jamais c’est triste

Frank Venaille, La descente de l’Escaut

Avec La Descente de l’Escaut, Franck Venaille se tient au plus près des terres, des rives, du pays dont il fait son emblème. Il marche, entre France et Belgique, se rêvant, se voulant, se révélant « Flamand » .

109 haîkus de Segetsu, Jours d’errance

De la fin du Régime Tokugawa aux débuts de l’ère Meiji, un poète nommé Inoue Seigetsu (1822-1887) vagabonde de village en village dans la vallée d’Ina, province de Nagano, pendant près de trente ans. 1800 haïkus calligraphiés, remerciements aux hôtes qui lui prodiguèrent gîte, couvert et saké au cours de ces années d’errance, sont aujourd’hui les derniers témoins de la vie de Seigetsu. Les 109 haïkus sélectionnés dans ce recueil – première publication en français du poète – dessinent par petites touchent le portrait sensible d’un homme qui a tout abandonné pour vivre au rythme de la nature et de la poésie.

Dominique Sampiero, L’autre moitié de ton corps

Patrick Dubost, Aimer et faire l’amour

« classiquement jusqu’à sept ans j’ai cru qu’on faisait des bébés en s’embrassant avec la langue j’ai longtemps imaginé que toute fille n’aimait jamais qu’un seul homme je remarquais aussi qu’elles aimaient souvent les mêmes du coup certains gars ne savaient plus comment gérer leur énorme agenda de filles j’aime ces petits mots inavouables que tu dis dans l’amour et qui font de nous deux animaux à la fois tendres et violents »

Anna Akhmatova, Requiem

Cette anthologie aborde l’œuvre d’Anna Akhmatova dans son entier, puisant dans les premiers livres, donnant in extenso Requiem et le Poème sans héros, puis reprenant à son compte un plan ébauché pour le fantomatique « Septième livre » . Un demi-siècle de combat solitaire, acharné, douloureux, mais au final sans faiblesse.

Les sœurs Brontë, Autolouanges

Les vingt poèmes ici réunis sont extraits d’un recueil publié à compte d’auteur en 1846 – alors vendu à deux exemplaires¿ – et signé des pseudonymes masculins Currer, Ellis et Acton Bell. Ce sont pourtant les trois sœurs mythiques de la littérature anglaise qui se cachent derrière ces noms, celles-ci rendant lisibles, pour la première fois et en chœur, quelques-uns de leurs écrits respectifs.
Emouvants et beaux pour eux-mêmes, ces vers le sont encore parce qu’ils suggèrent les proses romanesques à venir, faisant affleurer landes frappées par le vent et héroïnes tourmentées.

Apollinaire, Poèmes à Lou

« Jouant de tous les registres, depuis les mètres traditionnels jusqu’au poème figuré, jamais Apollinaire n’a montré dans son expression une telle audace et une telle invention. Ni dans son inspiration. Amant persuadé que Le vice n’entre pas dans les amours sublimes il chante la joie et la douleur des corps sans oublier que « le corps ne va pas sans l’âme », à la fois rêvant d’un inaccessible absolu et acceptant les partages les plus dérisoires.
Soldat vivant au jour le jour les misères des premières lignes, il a le courage de contempler l’insolite beauté que suscite la guerre, et de la dire. Mais dans la magnificence de l’amour comme dans l’émerveillement qu’il ressent, artilleur, sur la ligne de feu, il reste, proche de nous, l’homme qui sait sa faiblesse et le prix de l’attente : Je donne à mon espoir tout l’avenir qui tremble comme une petite lueur au loin dans la forêt ».

Raymon Carver, Poésie

Andrée Chédid, Textes pour un poème

Depuis la mort d’Andrée Chedid en 2011, sa poésie ne cesse de s’affirmer comme une des plus fortes et des plus originales de la deuxième moitié du XX ? siècle. Témoin le succès qui ne se dément pas de Rythmes, le premier volume de la poétesse publié en Poésie/Gallimard. Si ce recueil de la fin de sa vie est assurément une franche réussite, il était nécessaire, pour rendre justice à l’importance de son apport, d’inscrire à notre catalogue les deux titres qui constituent le sommet de son œuvre poétique : Textes pour un poème et Poèmes pour un texte. Ces deux volumes qui rassemblent des recueils parus entre 1949 et 1991 concentrent l’essentiel des thèmes qui font la singularité de sa parole, l’éloge de la vie invincible sur fond d’une lucidité sans compromis quant au tragique de la condition humaine, l’éloge de l’autre et de l’ouvert, la récusation obstinée de tout ce qui clôt et limite le pas et le regard.

Emily Dickinson, Poésies complètes

Emily Dickinson (1830-1886) n’est pas seulement l’un des plus grands poètes américains : c’est aussi un personnage mythique. Toujours vêtue de blanc, cette femme mystérieuse, à l’âge de trente ans, se mura à jamais dans la demeure familiale d’Amherst, son village natal, en Nouvelle-Angleterre, et passa le reste de sa vie à contempler le monde depuis sa fenêtre. Lorsqu’un ami lui rendait visite, il lui arrivait même de refuser de sortir de sa chambre pour l’honorer de sa présence. Celle que ses proches surnommaient la « poétesse à demi fêlée » ou la « reine recluse » n’avait qu’une obsession : écrire – elle a laissé des milliers de lettres et de poèmes. Ironie de l’histoire : sur les deux mille poèmes ou presque que nous lui connaissons, six seulement furent publiés de son vivant. Les autres ne furent découverts qu’à sa mort. L’œuvre poétique complète d’Emily Dickinson était jusqu’à présent inédite en France : cette traduction par Françoise Delphy, fondée sur l’édition définitive des poèmes de Dickinson publiée aux Etats-Unis en 1999, entend donner à découvrir au public français, en version intégrale et bilingue, la poésie de cet écrivain hors du commun.

Pier Paolo Pasolini, La religion de mon temps

A la fin de 1960, Pasolini, alors déjà connu comme romancier et poète, entame sa carrière de cinéaste, avec le tournage d’Accattone. C’est peu après, que parait La Religion de mon temps. Comme dans tous ses recueils, sa poésie est kaléidoscopique : intime, politique, descriptive, sociale, provocatrice, réflexive. Invectives et prières, clamées ou murmurées, confessions et dénonciations, contemplations et introspections, récits et dialogues intérieurs alternent dans ces poèmes animés comme il aimera le dire plus tard d’une « vitalité désespérée ». La partie qui donne son titre à l’ensemble est une sorte de journal public. Témoin, compagnon, amoureux des pauvres, il tente de décrire un monde de la nuit et de la misère, riche d’une lumière que nous ne savons pas voir.

Fernando Pessoa, Le gardeur de troupeau

« A l’avant d’une modernité dont ce siècle à son déclin se réclame avec superbe, se dresse un homme qui fut obscur, effacé, inconnu de sa concierge, riche d’humour et rayonnant lorsque son miroir intérieur lui renvoyait son reflet futur. « Je ne suis rien », ce n’est pas une parole contrite du saint homme Job, mais un rappel de ce nada ibérique qui est au principe de l’être et à sa terminaison. Trois vers après cette affirmation du néant, survient cette antithèse éclatante : « Je porte en moi tous les rêves du monde » : un feu d’artifice cosmique.

Sylvia Plath, Œuvres

Ce volume rassemble la poésie, l’unique roman, les nouvelles et contes, les journaux et les essais autobiographiques de Sylvia Plath. La spécificité du volume est de mettre en valeur les œuvres de Sylvia Plath par Sylvia Plath, c’est-à-dire telles que l’auteur les a pensées, souhaitées, voulues. Pour comprendre l’intérêt de cette nouvelle édition, il faut avoir à l’esprit l’histoire complexe de l’édition des manuscrits d’une jeune poète qui se donne la mort à 31 ans, en ayant publié de son vivant, outre les nombreuses parutions en revues et dans des magazines, deux livres : un recueil de poèmes Le Colosse et autres poèmes et un roman d’inspiration autobiographique, La Cloche de détresse (récit, sous le pseudonyme de Victoria Lucas, de son expérience psychiatrique à la suite d’une tentative de suicide). A sa mort, elle laisse le manuscrit d’un autre recueil : Ariel et autres poèmes, et une sélection de 17 nouvelles (choisies parmi quelques 70). On retrouve également des carnets et journaux intimes, de nombreuses lettres, des milliers de pages de poèmes, des œuvres picturales… Un ensemble poétique et artistique qui témoigne d’un talent incontestable. Ted Hughes décide de faire connaître l’œuvre de son épouse. Mais il opère des choix, notamment celui de remanier Ariel et d’éditer une version expurgée des Journaux.

Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète

Les Lettres à un jeune poète sont tout autant des lettres écrites par un jeune poète – Rilke a vingt-sept ans lorsqu’il répond pour la première fois, trente-deux ans lorsqu’il écrit la dernière lettre publiée – à un jeune homme dont la figure précise reste dans l’ombre de sorte qu’il devient, pour ainsi dire, l’éponyme, moins d’un âge, que d’une période de la vie, définie par un type de dilemmes.

Wallace Stevens, Harmonium

Wallace Stevens est considéré comme l’un des plus grands poètes américains aux côtés de T S Eliot ou William Carlos Williams. En 1923, il publie les poèmes qui constituent ce recueil. A travers cet ensemble de voix et de registres, allant de l’aigu au grave, du ludique au rhétorique, Wallace Stevens tente de trouver un ordre au chaos du monde. «La poésie, disait-il, est une façon de rendre acceptable l’expérience, presque entièrement inexplicable, que l’on est en train de vivre.»

William Butler Yeats, La rose

William Butler Yeats est considéré comme le plus grand poète irlandais du XXe siècle. Les poèmes qui constituent cette anthologie illustrent la prodigieuse capacité de renouvellement de son œuvre : depuis les premiers vers de jeunesse, proches du romantisme et imprégnés du folklore irlandais, jusqu’à ceux de l’âge mûr résolument tournés vers la modernité.